Harcourt on the Strauss-Kahn Prosecution and American Criminal Justice (in French)

« On essaie de le cachermais le système judiciaire américain n’est pas du tout égalitaire »

La violence du traitement infligé à Dominique StraussKahn a beaucoup choqué en France. Estelle habituelle?

Depuis les années 80, la législation en matière de crimes sexuels s’est beaucoup durcie aux États-Unis. Des unités spéciales de la police s’y consacrent entièrement.

Vous ne devriez pas être étonné vu l’audience en France de nos séries américaines ! Le cas DSK est pris très sérieusement ici. Et d’autant plus que l’inculpé est connu.

Le système judiciaire américain n’estil pas égalitaire?

Non. Il est à deux vitesses, mais on essaie de le cacher en mettant en avant quelques individus qui deviennent des exemples. Récemment, on a utilisé le cas d’un milliardaire originaire du Sri Lanka, Raj Rajaratnam, fondateur et PDG de Galleon Group, un fonds d’investissement à risque qui a été condamné pour délit d’initié. La réalité, c’est que c’est extrêmement rare. Aux États-Unis, nous avons 2 300 000 personnes en prison, 1 % de la population adulte, ce qui est un taux ahurissant. C’est cinq à dix fois plus que la moyenne dans les pays européens. Ce ne sont pas de gens fortunés qui sont derrière les barreaux mais des petits délinquants, des dealers, des auteurs de violences urbaines… À 66 %, ce sont des AfricainsAméricains. Alors quand un Strauss-Kahn, ou un Raj Rajaratnam, est impliqué, on y va à fond la caisse pour essayer de donner l’impression qu’on est un pays où l’égalité règne dans le domaine judiciaire ou carcéral. J’ai passé de nombreuses années, en Alabama et en Géorgie, à représenter des condamnés à mort. Dans les tribunaux, quand la cour appelait les prévenus, c’est comme si un bateau débarquait des esclaves. J’ai vu des hommes jeunes enchaînés l’un à l’autre, des Africains-Américains en majorité. En deux secondes, chacun, leur sort était scellé : c’était la prison.

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